sabato 3 marzo 2018

Filosofi online: Benedetto Spinoza, tradotto in francese, par Saisset. Oeuvres, t. 2°, § 1: La vie de Benoit de Spinoza.

B. Home. ↔︎ §2.
Testo online.
OEUVRES DE SPINOZA
traduites
par Émile Saisset
Avec une introduction critique
Nouvelle Édition, revue et augmenté


Paris, 1861
TOME II
italiani - inglesi - tedeschi - spagnoli
Internet Archive: Spinoza.







§ 1.

La vie de Benoit de Spinoza.
par Colerus (1)

Testo online,
Spinoza, ce philosophe dont le nom fait tant de bruit dans le monde, était juif d’origine. Ses parents, peu de temps après sa naissance, le nommèrent Baruch. Mais ayant dans la suite abandonné le judaïsme, il changea lui-inêmé son nom, et se donna celui de Benoit dans ses écrits et dans les lettres qu’il signa. Il naquit à Amsterdam, le 24 novembre, en l’année 1632. Ce qu’on dit ordinairement, et qu’on a même écrit, qu’il était pauvre et de basse extraction, n’est pas véritable; ses parents, juifs portugais, honnêtes gens et à leur aise, étaient marchands à Amsterdam, où ils demeuraient sur le Burgwal, dans une assez belle maison, près de la vieille synagogue portugaise. Ses manières d’ailleurs civiles et honnêtes, ses proches et alliés, gens accommodés, et les biens laissés par ses père et mère, font foi que sa race, aussi bien que son éducation, étaient au-dessus du commun. Samuel Carceris, juif portugais, épousa la plus jeune de ses deux sœurs. L’aînée s’appelait Rebecca, et la cadette Miriam de Spinoza, dont le fils, Daniel Carceris, neveu de Benoit de Spinoza, se porta pour l’un de ses héritiers après sa mort, ce qui parali par un acte passé devant le notaire Libertus Loef, le 30 mars 1677, en forme de procuration adressée à Henri Van der Spyck, chez qui Spinoza logeait lors de son décès.

(1) Voyez ci-après notre Notice bibliographique.

Sommario: 1. Ses premières études. –

1. Ses premières études. | Sommario↑ – Spinoza fit voir dès son enfance, et encore mieux ensuite dans sa jeunesse, que la nature ne lui avait pas été ingrate. On reconnut aisément qu’il avait l’imagination vive et l’esprit extrêmement prompt et pénétrant.

Franciscus van den Enden.
Comme il avait beacoup d’envie de bien apprendre la langue latine, on lui donna d’abord pour maître un Allemand. Pour se perfectionner ensuite dans cette langue, il se servit du fameux François Van den Ende, qui la montrait alors à Amsterdam, et y exerçait eu même temps la profession de médecin. Cet homme enseignait avec beaucoup de succès et de réputation, de sorte que les plus riches marchands de la ville lui confièrent l’instruction de leurs enfants avant qu’on eût reconnu qu’il montrait à ses disciples autre chose que le latin; car on découvrit enfin qu’il répandait dans l’esprit de ces jeunes gens les premières semences de l’athéisme. C’est un fait que je pourrais prouver, s’il en était besoin, par le témoignage de plusieurs gens d’honneur qui vivent encore, et dont quelques-uns ont rempli la charge d’ancien dans notre église d’Amsterdam, et en ont fait les fonctions avec édification. Ces bonnes âmes ne se lassent point de bénir la mémoire de leurs parents qui les ont arrachés encore à temps de l’école de Satan en les tirant des mains d’un maître si pernicieux et si impie.

Van den Ende avait une fille unique qui possédait elle-même la langue latine si parfaitement, aussi bien que la musique, qu’elle était capable d’instruire les écoliers de son père en son absence, et de leur donner leçon. Comme Spinoza avait occasion de la voir et de lui parler très-souvent, il en devint amoureux, et il a souvent avoué qu’il avait eu dessein de l’épouser. Ce n’est pas qu’elle fût des plus belles ni des mieux faites; mais elle avait beaucoup d’esprit, de capacité et d’engouement, ce qui avait touché le cœur de Spinoza, aussi bien que d’un autre disciple de Van den Ende, nommé Kerkering, natif de Hambourg. Celui-ci s’aperçut bientôt qu’il avait un rival, et ne manqua pas d’en devenir jaloux; ce qui l’obligea à redoubler ses soins et ses assiduités auprès de sa maitresse. Il le fit avec succès quoique le présent qu’il avait fait auparavant à cette fille d’un collier de perles de la valeur de deux
ou trois cents pistoles contribuât sans doute à gagner ses bonnes
grâces. Elle les lui accorda donc et lui promit de Tépouser, ce
qu’elle exécuta fidèlement après que le sieur Kerkering eut abjuré
la religion luthérienne^ dont il faisait profession, et embrassé la
catholique. On peut consulter snr ce sujet le Dictionnaire de
H. Bayle, tome III, édiU 2, à rartîclfe de Spinoza, à la page t770;
aussi bien que le Traité du docteur Sortholt De tribus Impoitm^
^, édlt. 2, dans la préface.

A Végard de Van den Ende, comme il était trop connu en Hol*
lande pour y trouver de Temploî, it se tit obligé d’en aller cher-
cher ailleurs. Il passa en France, ot îl fit une fin très-malhen*
reiiâe^^ après y avoir subsisté pendant quelques années de ce qa*il
g;agQait â sa profession de médecib. F. Hulma, dans sa tradnctîea
flamande de TiarlicTe de Spinoza, page 5, rapporte que Van toi
Ende, ayant été convaincu d*avoir attenté àfoviedeMgrledavphin,
fui condamné à être pendu et exécuté. Cependant quelques avtres
qui Vont connu Irès-partfculièrement en Frtince aTOuent, à la Té-
rité, celte exécution, mais ils en rapportent autrement la cause*
Ils disent que Van den Ende avait tâché de faire soulever les
peuples d’une des provinces de France, qui, par ce moyen, espé-
raient rentrer dans la j[ouissance de leurs anciens privilèges; ea
quoi il avait ses V4ies, de. son côté: qu’il songeait à délivrer les
Provinces- Unie» de l’epfressM» ok elles étaient alors, ea donnant
assez d’occupation au roi de France en son propre pays pour être
obligé «l- y employer une grande partie de ses forces; que c’était
paur faciliter l’exécution de son dessein qu’on avait fait équiper
q«ej^pi«ft Yaiâseaux, qui cependant arrivèrent trop tard. Quoiqu’il
en soit, Van den Ende tai exécuté; mats s’il eût eu attenté à la
vie du. dauphin, il e^ apparemment expié son crime d’une autre
manière et par un s»ppAi«e phis rigaureux^.



1. Oa trouva quelques détails sur l» mort de Van dea Ende dans un livre inti^
feulé: Uémoirm d régions sur les principaux événements du règne de
ZouwJIC/rpar Al. L..M. D. L. F.(ie marquis de La Fare). Rotterdam, 1716, p. 147.
« Le chevalier de Rohan, perdu de dettes, mal à la coui>, ne sachant où donner de
la tète, et susceptible d’idées vastes, vaines et fausses, trouva un homme comme
lui, hors 4u’U avait plus d’esprit cl plus de courage pour affronter la mort. (TétaK
La TruauiBoat, ancien ofGcier, qtti espéra, se servant du chevalier de Rohua comme
d’ua faaftàme, faire uue gcaade fortune en inti^duisant les Hollandais en Norman-
die, d*où il était, et où il avait beaucoup d’habitudes. Le mécoD\«Ti\«mft’oi(. ^^&



IV LA VIE DE SPINOZA.



SPINOZA S* ATTACHE A L ÉTUDE DE LA THéOU>GIE, QU^IL QCITTE
POUR ÉTUDIER A FOND LA PHYSIQUE.

Après aToir bien appris la langue latine, Spinoza se proposa
Tétude de la théologie, et s’y attacha pendant quelques années.
Cependant, quoiqu’il eût déjà beaucoup d’esprit et de jugement,
Tun et l’autre se fortifiaient encore de jour à autre^ de sorte que,
se trouvant plus de disposition à la recherche des productions et
des causes naturelles, il abandonna la théologie pour s’attacher
entièrement à la physique. Il délibéra longtemps sur le choix
; qu’il devait faire d’un maître dont les écrits lui pussent servir de
^ guide dans le dessein où il était Mais enÛDy les œuvres de Des-
cartes étant tombées entre ses mains, il les lut avec avidité; et
dans la suite il a souvent déclaré que c’était de là qu’il avait puisé
ce qu’il avait de connaisance en philosophie. Il était charmé de
cette maxime de Descartes, qui établit qu’on ne doit jamais rien
recevoir pour véritable qui n’ait été auparavant prouvé par de
bonnes et solides raisons. Il en tira cette conséquence, que la

peopleS) et la Guyenne et la Bretagne prêtes à se soulever, le confirmèrent dans
cette pensée. Ces messieurs se servirent d’w* maitre d’école hollandais^ et leur
traité fut effectivement fait et ratifié. Les Hollandais embarquèrent des troupes sur
leur flotte, et ne s’éloignèrent pas beaucoup pendant cette campagne des côtes de
Normandie, où on devait les recevoir. Les états de Hollande étaient convenus,
entre autres choses, que quand tous leurs préparatifs seraient faits, ils feraient mettre
certaines nouvelles dans leur gazette, et elles y furent mises. La Truaumont partit
pour aller assembler ses amis en Normandie, mais sous un autre prétexte, ne
leur ayant pas voulu découvrir tout à fait la traliison. Un de ses neveux, nommé le
chevalier de Préauit, af^it aussi engagé dans leur dessein madame de ViUiers,
autrement Bordeville, femme de qualité dont il était amoureux et aimé, qui avait
des terres en ce pays-là; et M. le chevalier de Rohan était enfin sur le point de
partir lui-même, quand il fut arrêté et mené à la Bastille. Le roi en même temps
envoya Brissac, major de ses gardes, à Rouen pour prendre La Truaumont. Celui-
ci, sans s’émouvoir, dit à Brissac, son ancien ami: i Je m’en vais te suivre
« laisse-moi seulement pour quelque nécessité entrer dans mon cabinet. » Brissac
sottement le laissa faire, et fut bien étonné de Ten voir sortir avec deux pistolets.
U appela les gardes qui étaient à la porte de la chambre, qui, au lieu seulement de
le désarmer et de le prendre en vie, le tirèrent et blessèrent d’un coup dont il
mourut le lendemain avant que le premier président eut pu lui faire donner la
question, et par conséquent sans rien avouer. Cet incident aurait pu dans la suite
sauver la vie au chevalier de Rohan, si, après avoir tout nié à ses autres juges, il
n* avait pas sottement tout avoué à Besons, qui lui arracha son secret en lui pro-
mettant sa grâce, action indigne d’un juge. Le maitre d’école fut penduj et le
chevalier de Rohan eut la tête coupée avec le chevalier de Préauit et madame de
Tilliers.»



LA VIE DE SPINOZA. V

doctrine et les principes ridicules des rabbins juifs ne pouvaient
être admis par un homme de bon sens, puisque ces principes sont
établis uniquement sur l’autorité des rabbins nièmes, sans que ce
qu’ils enseignent vienne de Dieu, comme ils le prétendent à la
vérité, mais sans fondement et sans la moindre apparence de
raison.

Il fut dès lors fort réservé avec les docteurs juifs, dont il évita
le commerce autant qu’il lui fut possible; on le vit rarement
dans leurs synagogues, où il ne se trouvait que par manière d’ac-
quit; ce qui les irrita extrêmement contre lui, car ils ne dou-
taient point qu’il ne dût bientôt les abandonner et se faire chrétien.
Cependant, à dire la vérité^ il n a jamais embrassé le christia-
nisme, ni reçu le saint baptême; et quoiqu’il ait eu de fréquentes
conversations depuis sa désertion du judaïsme avec quelques
savants mennonites, aussi bien qu’avec les personnes les plus
éclairées des autres sectes chrétiennes, il ne s’est pourtant jamais
déclaré pour aucune, et n’eh a jamais fait profession.

Le sieur François Halma, dans la Vie de Spinoza S qu’il a tra-
duite en flamand, rapporte, pages 6, 7 et 8, que les juifs lui
offrirent une pension peu de temps avant sa désertion pour l’en-
gager à rester parmi eux sans discontinuer de se faire voir de
temps en temps dans leurs synagogues. C’est aussi ce que Spinoza
lui-même a souvent affirmé au sieur Van der Spyck, son hôte,
aussi bien qu’à d’autres, ajoutant que les rabbins avaient Gxé la
pension qu’ils lui destinaient à 4,000 florins; mais il protestait
ensuite que quand ils lui eussent offert dix fois autant, il n’eût
pas accepté leurs offres ni fréquenté leurs assemblées par un
semblable motif, parce qu’il n’était pas hypocrite et qu’il ne
recherchait que la vérité. M. Bayle rapporte en outre qu’il lui
arriva un jour d’être attaqué par un juif au sortir de la comédie,
qu’il en reçut uu.coup de couteau au visage; et quoique la plaie
ne fût pas dangereuse, Spinoza voyait pourtant que le dessein du
juif avait été de le tuer. Mais l’hôte de Spinoza aussi bien que sa
femme, qui tous deux vivent encore, m’ont rapporté ce fait tout
autrement. Ils le tiennent de la bouche de Spinoza même, qui
leur a souvent raconté qu’un soir, sortant de la vieille synagogue
portugaise, il vit quelqu’un auprès de lui, le poignard à la main;

1. G* est un extrait du Diciiormaire de Bayle.



n LA VIE DB SPINOZA.

ee qui l’ayant obligé à se teuir sur ses gardes et à s’écarter, il
éfita le coup, qui porta seulement dans ses habits. Il gardait en-
core alors le justaucorps percé du coup, en mémoire de cet éré-
nement. Cependant, ne se croyant plus asseï en sûreté à kms^
terdam, il ne songeait qo*à se retirer en quelque antre lieu à la
première occasion; car il voulait d’ailleurs poursuivre ses études
et ses méditations physiques dans quelque retraite paisible et
éloignée du bruit.

LES JUIFS L EXCOXMUKIC!«T.

Il s’était à peine séparé des juifs et de leur communion qu’ils
le poursuivirent juridiquement selon leurs lois ecclésiastiques et
rexcommunièrent. Il a avoué plusieurs fois que la chose s’était
ainsi passée, et déclaré que depuis il avait rompu toute liaison et
tout commerce avec eux. C’est aussi ce dont M. Bayle convient,
aussi bien que le docteur Musaeus. Des juifs d’Amsterdam, qui ont
très-bien connu Spinoza, m’ont pareillement confirmé la vérité de
ce fait, ajoutant que c^était le vieux Ghacbam Àbuabh, rabbin
alors de grande réputation parmi eux, qui avait prononcé publi-
quement la sentence d’excommunication. J’ai sollicité inutilement
les fils de ce vieux rabbin de me communiquer cette sentence;
ils s’en sont excusés sur ce qu’ils ne l’avaient pas trouvée parmi
les papiers de leur père, quoiqu’il me fût aisé de voir qu’ils n’a-
vaient pas envie de s’en dessaisir ni de la communiquer à per-
sonne.

II m’est arrivé ici, à la Haye, de demander un jour à un savant
juif quel était le formulaire dont on se servait pour interdire ou
excommunier un apostat. J’en eus pour réponse qu’on le pouvait
lire dans les écrits de Maimonides, au Traité Hilcolh Thalmud
Thorahj chapitre 7, v. 2, et qu’il était conçu en peu de paroles.
Cependant c’est le sentiment commun des interprètes de l’Écriture
qu’il y avait trois sortes d’excommunication parmi les anciens
juifs; quoique ce sentiment ne soit pas suivi par le savant Jean
Seldenus, qui n’en établit que deux dans son traité (latin) du San-
hédrin des anciens Hébreux, livre 1, chapitre 7, page 64. Ilsuom-
maicut mddui la première espèce d’excommunication, qu’ils par-
tageaient en deux branches: premièrement, on séparait le coupable
. et on lui fermait l’entrée de la synagogue pour une semaine, après



Lk Yll DE SPIKOZA. TH

j/xû aroir hit aupaiaTant une séfère réprimande et Tavoir forte^
meit exhorté à se repentir et à se mettre en état d’obtenir la
paidoa de m fiuite. A quoi n’ayaat pas satisfait, on lui donnait
•More trente jours ou un mois pour rentrer en lui-même*

Pendant oe temps^à il lui était défendu d’approcher personne
plus pvès de huit ou dix pas, et personne n’osait non plus SToif
aflcua commerce ayec lui, exeeptécmn qui lui apportaient à boift
et à manger; et cette interdictioa était nommée Texeommunic»»
tioD mineunv M. EnCmaUy dans son Lexico», tome II, page 213^
ifMite cpt’il était dé&adu à un chacun de boire et manger aTeo UA
tel houmie ou de se lafi» dans un même bain; qu’il pouvait ce«^
pendant, s’il Tosiait, se trouver aux assemblées pour y écouter
seulement et pour s’instruire. Maia si, pendant oe terme d’un
uttis, iii lui naissait un fils, on ku refusait la circoncision; et si
œl «ofaot renaît à mourir, il n’élait pas permis de le pleurer ni
d’en témoigner aucun deuil; au contraire^ pour marque d une
étemdie iniamie, ils couvraient d’un monceau de pierres le lieu,
où il était inhumé, ou bien ils y roulaient une seule pierre extrè-
memeut grosse dont ce même lieu était couvert.

M. ûœrée, dans son livre intitulé Antiquités judafquesj tome I>
page64i, soutient que parmi les Hébreux personne n’a jamais été
puni d’uie interdiction ou excommunication particulière, n’y
ayant rieude semblable parmi eux qui fût eu usage; mais presque
tous ks interprètes des saintes Écritures enseignent le contraire»
iiim en trouvera peu, soit juifs ou chrétiens, qui approuvent
flOfi sentiment.

La âecMide espèee d’interdiction ou excommunication était ap-
pelé CAtfrem. C’était un bannissement de La synagogue accompagné
’ d’horriblaamalédictions^ prises pour la plupart du Oeutérouome,
chaptre 28^ c’est là k sentiment du docteur Dilherr, qu’il explique
au long au tome U« JMs/>. £«.. ^t PhiMog^ page 319. Le savant
LiglUCoot, aur lafmnière ÉfiUreuu» Corinthiens, 5, 5, au tomell
de ses œuvres» page 890, enseigne que cette interdiction ou baai>
uifflemeut était mise autrdSMA eu usage lorsque, le telmede trente
jouDS eiipiré» le coupabk ne se présentait point pour reconnaître
sa faute; et c’est là, sdon son sentiment, la seconde brandie
dfi l’iaiterdÂction ou excommunication mineure. Les malédictions
qui y étaient insérées él«bent tiréea de la loi de Moïse, et ellei
éÉaieiLtpirûuoacéea.soleiiittllement contre le coupable en préaeuet



Tin Là VI£ de SPINOZA.

des jaifs, dans une de leurs assemblées publiques. On allumait
abrs des cierges ou chandelles, qui brûlaient pendant tout le
temps que durait la lecture de la sentence d’excommunication; ^
laquelle étant finie, le rabbin éteignait les cierges, pour marquer
par là que ce malheureux homme était abandonné à son sens ré-
prouvé et entièrement priyé de la lumière diyine. Après une pa-
reille interdiction, il n’était pas permis au coupable de se trouver
aux assemblées, même pour s’instruire et pour écouter. Cepen-
dant on lui donnait encore un nouToau délai d’un mois, qui s’é-
tendait ensuite jusqu’à deux et trois, dans l’espérance qu’il pour-
rait rentrer en lui-même et demander pardon de ses fautes; mais
lorsqu’il n’en Youlait rien faire, on fulminait enfin la troisième
et dernière excommunication.

C’est cette troisième sorte d’excommunication qu’ils appelaient
Schammatha. C’était une interdiction ou bannissement de leurs
assemblées ou synagogues^ sans espérance d’y pouvoir jamais
rentrer; c’était aussi ce qu’ils appelaient d’un nom particulier
leur grand anathème ou bannissement. Quand les rabbins le pu-
bliaient dans l’assemblée, ils avaient, dans les premiers temps,
accoutumé de sonner du cornet, pour répandre ainsi une plus
grande terreur dans l’esprit des assistants. Par cette excommu-
nication, le criminel était privé de toute aide et assistance de la
part des hommes, aussi bien que des secours de la grâce et de la
miséricorde de Dieu, abandonné à ses jugements les plus sévères,
et livré pour jamais aune ruine et une condamnation inévitables.
Plusieurs estiment que celte excommunication est la même que
eelle dont il est fait mention en VÉpiire I aux Corinthiens, cha-
pitre 16, verset 22, oti l’apôtre la nomme Maranatàa, Voici le pas-
sage: « S’il y a quelqu’un qui n’aime pas le Seigneur Jésus, qu’il soit
n anathème maharam motha ou maranatba; » c’est-à-dire qu’il
soit anathème ou excommunié à jamais; ou, suivant l’explication
de quelques autres, le Seigneur vient, à savoir, pour juger cet
excommunié et pour le punir. Les juifs avancent que le bienheu-
reux Enoch est l’auteur de cette excommunication, et que c’est de
lui qu’ils la tiennent, et qu’elle a passé jusqu’à eux par une tradi-
tion certaine et incontestable.

A l’égard des raisons pour lesquelles quelqu’un pouvait être
excommunié, les docteurs juifs en rapportent deux principales,
^suivant le témoignage de Lightfoot au lieu même que nous avons



LA VIE DE SPINOZA. Ui

cité, à savoir, pour dettes ou à cause d’une Tie libertine et épi-
curienne.

On était excommunié pour dettes lorsque le débiteur condamné
par le juge à payer refusait cependant de satisfaire à ses créan-
ciers. On Tétait pareillement pour mener ane yie licencieuse et
épicurienne; quand on était convaincu d’être blasphémateur, ido-
lâtre, violateur du sabbat ou déserteur de la religion et du ser-
vice de Dieu. Car au Traiié du Talmud sanhédrin, folio 99, un épi-
curien est défini un homme qui n*a que du mépris pour la parole
de Dieu et pour les enseignements des sages, qui les tourne en
/tidicule, et qui ne se sert de sa langue que pour proférer des
choses mauvaises contre la majesté divine.

Ils n’accordaient aucun délai à un tel homme. II encourait l’ex-
communication, qu’on fulminait aussitôt contre lui. D’abord il
était nommé et cité le premier jour de la semaine par le portier
de la synagogue; et comme il refusait ordinairement de compa-
raître, celui qui l’avait cité en faisait publiquement son rapport
en ces termes: « J’ai, par ordre du directeur de V École, cité
N. N,, qui n*a pas répondu à la citation, ni voulu comparaître. ■
On procédait alors par écrit à la sentence d’excommunication,
qui était après signifiée au criminel et servait d’acte d*interdic-
tion ou bannissement, dont chacun pouvait tirer copie en payant.
Mais s’il arrivait qu’il comparût et qu’il persévérât néanmoins
dans ses sentiments avec opiniâtreté, son excommunication lui
était seulement prononcée de bouche; à quoi les assistants joi-
gnaient encore l’affront de le bafouer et de le montrer au
doigt.

Outre ces deux causes d’excommunication, le savant Lightfoot,
au lieu ci-devant cité, en rapporte vingt-quatre autres, tirées des
écrits des anciens juifs; mais ce qu’il dit sur ce sujet nous mè-
nerait trop loin, et est d’une trop grande étendue pour être in-
séré ici.

Enfin, à l’égard du formulaire dont ils usaient dans les sen-
tences d’excommunication publiées de bouche ou exprimées pai
écrit, voici ce qu’en dit le docteur Seldenus, au lieu déjà cité,
page 59, et qu’il a tiré des écrits de Maimonides: « On énonçait
premièrement le crime de l’accusé, ou ce qui avait donné lieu à
la poursuite qu’on faisait contre lui; à quoi on joignait ensuite
ces malédictions conçues en peu de paroles: Cet Aomme, M. I)«,



X LA VIE DE SPINOZA.

soil excommtmié de rexcommumcation mddui, Cherem ou Scham--
malha; qu’il soit séparé, banni, ou entièrement extirpé du milieu
de nous. »

J’ai longtemps cherché quelqu’un des formulaires dont les juifs
usaient dans ces sortes d’excommunications, mais ç*a été inutile-
ment; il n’y a point de juif qui aitini ou iroulu m’en communiquer
aucun. Mais enfin le sarant M. Surenhusiuç, professeur des lan-
gues orientales dans Flécole illustre d’Amsterdam, et qui a une
parfaite connaissance des coutumes et des écrits des juifs, m*^
mis en main le formulaire de Texcommunication ordinaire et
générale dont ils se servent pour retrancher de leur corps tou5
ceux qui yiYent mal et désobéissent à la loi. Il est tiré du cé-
rémonial des juifs nommé Golbo, et il me Ta donné traduit en
^dtin. On peut cependant le lire dans Seldenus, page 524, lÎYre f,
chapitre 7 de son traité De jure naturœ et gentlum.

Spinoza s’étanl séparé ouyertement des juifs, dont \\ aTait au-
paravant irrité les docteurs en les contredisant et découTrantîeuTs
fourberies ridicules, on ne doit pas s’étonner s’ils le firent passer
pour uu blasphémateur, un ennemi de la loi de Dieu et un apos-
tat, qui ne s’était retiré du milieu d’eux que pour se jeter entre
les bras dés infidèles; et il ne faut pas douter qu’ils n’aient fuî*
miné contre lui la pins terrible des excommunications. C’est aussi
ce qui mia été eonfînné par un savant juif, qui m’a assuré qu’au
cas que Spinoza ait été excommunié, c’était certainement Tana-
thème Schammatha qu’on avait prononcé contre lui. Mais Spinoza
n*étant pas présent à cette cérémonie, on mit par écrit sa sentence
d’excommunication, dont copie lui fut signifiée. Il protesta contre
cet acte d’excommunication, et y fit une réponse en espagnol qui
fut adressée aux rabbins, et qu’ils reçurent comme nous le mar-
querons dans Ta suite.

SHNOZA APPREM) OK MttmtL OV ART MÉCMnQ6B*

La loi et les anciens docteurs juîfe marquent expressément qn’iî
ne suffit pas d’être savant, mais qu’on doit en outre s’exeiûep
dans quelque art mécanique ou profession, pour s’en pouvoir aider
â tout événement et y gagner de quoi subsister. C’est ce que dit
positivement Raban Gamaliel dans le Traité du Talmud Pirke



LA TIC SE SPINOZA. XI

MMh, «baiMtre 2, où il enseigne cfoe Yéhnèe de la loi est quelque
^bme èe bien désirable lorsqu’on y jeifH «ne profession ou quelque
aft iBémiiftie; car, flit*^l, rapplicaUoa eoAlinaelle à ces deux
«sereices feit q«’o« m’en a point poiir fMe le Hi«l et qu^on Ton-
Mie; rt tovt MTant qni «e s^iest pas^Mieié d apprendre qselqiie
poiessian devient à ia £n «n bomne diflw^^ «I déréglé en ses
mœurs; et le rabbin Jéhuda ajoute que teHi^Mune qui ne (ait
pas apprendre un métier à ses enfants fait la même cbose que s*il
les instruisait à devenir voleurs de grand cbemin.

Spinoza, savant dans la loi et dans les coutumes (fefs ’aneiens,
n*ignorait pas ces maximes et ne les oublia pas, tout séparé des
>ui£s et excommunié qu’il était. Comme elles sont fort sages et
raisonnables, il en fît son profît, et apprit un art mécanique arant
d’embrasser une TÎe tranquille et retirée, comme il y étah ré^ohk
Il ^ppril^nc à iskire des verres pour des lunettes d’aprprocbe ^
pour d’autres usages, et il y réussit si parïaîtement qu’on s’adres^
sait de tous côtés à lui pouren acbeter, ce qui Itii lonrurt suft-
aaument de quoi vivre et s’entretenir. On en trouva dans son cft-.
bfnety après sa mort, encore un bon nombre qu^Tl arait polis; et
ils furent vendus assez cher, comme on peut le justifier par le
registce du crieur public qui assista à son inventaire et à ta rctff^
de ses meubles.

Après s’être perfectionne dans cet art, il s^afttacha au dessin,
qu’il apprU^le lui-même, et il réussit bien à Tracer un portrait
avec de l’encre ou du charbon. J’ai entre les mains un livre en-
tier de semblables portraits, où Ton en trouve de plusieurs per-
sonnes distinguées qui lui étaient connues ou qui avaient eu oifi-
cdsioQ de lui faire visite. Parmi ces portraits je troute à la qmi-
tiième feuille un pêcheur dessiné en chemise, avec un filet sur
l’épaude dfoke, tout à fait semblable pour Tattilude au fameux
obef des rebelles de Napks, Masaniello, comme il est représenté
daas l’histoire et en taille-douce. À l’occasion de ce dessin, je ne
dois pas omettre que le sieur Van der Spyck, chez qui Spinoza
logeait lorsqu’il est mort, m’a assuré que ce crayon on portrait
ressemblait parfaitement bien à Spinoza, et que c’était assurément
d’après lui-même qu’il l’avait tiré. îl n’est pas nécessaire de faire
mention des personnes distinguées dont les portraits crayonnés
se trouvent pareillement dans ce livre parmi ses autres dessins.

De cette manière il pouvait fournir à ses Décea8ité& d»LVtv^;fi\



xn LA yns DE spinoza.

de ses mains, et s’attacher à Tétade comme il arait résolu. Ainsi
rien ne l’arrêtant pins à Amsterdam, il en partit, s’alla loger chei
on homme de sa connaissance qui demeurait sur la route qui
mène d’Amsterdam à Ànwerkerke. Il y passa le temps à étudier
et à traTailler à ses Terres; lorsqu’ils étaient polis, ses amis
araient soin de les euToyer prendre chez Ini^ de les vendre et de
lui en foire tenir l’argent. a



IL TA DBMBUSER A RHTMSBURG, ENSUITE A TOORBUSG ET ENFOI f
A LA BATE.

En l’an 1664 Spinoza partit de ce lieu et se retira à Rhynsburg,
proche de Leyde, où il passa l’hiver; mais aussitôt après il en
partit et alla demeurer à Voorburg, à une lieue de la Haye, comme
il le témoigne lui-même dans sa trentième lettre écri^îà Pierre
Balling. Il y passa^ comme j’en ai été informé^ trois ou quatre
ans, pendant quoi il se fit un grand nombre d’amis à la Haye,
tous gens distingués par leur condition ou par les emplois qu’ils
exerçaient dans le gouTernement ou à l’armée. Ils se trouvaient
volontiers en sa compagnie, et prenaient beaucoup de plaisir à
l’entendre discourir. Ce fut à leur prière qu’il s’établit enfin et
se fixa à la Haye, où il demeura d’abord en pension sur le Veer-
kaay, chez la veuve Van Velden, dans la même maison où je suis
logé pour le présent. La chambre où j’étudie, à l’extrémité de la
maison sur le derrière, au second étage, est la même où il cou-
chait et où il s’occupait à l’étude et à son travail. 11 s’y faisait
souvent apporter à manger et y passait des deux et trois jours
sans voir personne. Mais s’ étant aperçu qu’il dépensait un peu
trop dans sa pension, il loua sur le Pavilioengragt, derrière ma
maison, une chambre chez le sieur Henri Van der Spyck, dont
nous avons souvent fait mention, où il prit soin lui-même de se
fournir ce qui lui était nécessaire pour le boire et pour le manger,
et où il vécut à sa fantaisie d’une manière fort relirée.



IL ÉTAIT FORT SOBRE ET FORT MÉNAGER.

H est presque incroyable combien il a été’ sobre pendant ce
temps-là et bon ménager. Ce n’est pas qu’il fût réduit à une si



LA yiE DE SPINOZA. XlH

grande panyreté qu’il n*eût pu faire plus de dépense 8*il Teût touIu;
assez de gens lui offraient leur bourse et toute sorte d*assistance;
mais il était fort sobre naturellement et aisé à contenter, et ne
Tonlait pas avoir la réputation d*aToir vécu, même une seule fois,
aux dépens d*autmi. Ce que j*ayance de sa sobriété et de son éco-
nomie se peut justifier par différents petits comptes qui se sont
rencontrés parmi les papiers qu*il a laissés. Ou y trouve qu*il a
Yécu un jour entier d’une soupe au lait accommodée ayec dd
beurre, ce qui lui revenait à trois sous, et d’un pot de bière d’un
sou et demi; un autre jour il n’a mangé que du gruau apprêté
avec des raisins et du beurre, et ce plat lui avait coûté quatre
sous et demi. Dans ces mêmes comptes il n’est fait mention que
de deux demi-pintes de vin tout au plus par mois; et quoiqu’on
l’invitât souvent à manger, il aimait pourtant mieux vivre de ce
qu’il avait chez lui, quelque peu de chose que ce fCit, que de se
trouver à une bonne table aux dépens d un autre.

C’est ainsi qu’il a passé ce qui lui restait de vie chez son dernier
bote pendant un peu plus de cinq anslet demi. 11 avait grand soin
d’ajuster ses comptes tous les quartiers, ce qu’il faisait afin de ne
dépenser justement ni plus ni moins que ce qu’il avait à dépenser
chaque année. Et il lui est arrivé quelquefois de dire à ceux dn
logis qu’il était comme le serpent qui forme un cercle la quene
dans la bouche, pour leur marquer qu’il ne lui restait rien de ce
qu’il avait pu gagner pendant l’année. 11 ajoutait que ce n’était
pas son dessein de rien amasser que ce qui serait nécessaire pour
être enterré avec quelque bienséance, et que, comme ses parents
ne lui avaient rien laissé, ses proches et ses héritiers ne de-
vaient pas s’attendre non plus de profiter beaucoup de sa suc-
cession.

< SA PERSONNE ET SA MANIÈRE DE s’hABILLER.



A l’égard de sa personne, de sa taille et des traits de son vi-
sage, il y a encore bien des gens à la Haye qui l’ont vu et connu
particulièrement. Il était de moyenne taille; il avait les traits du
visage bien proportionnés, la peau un peu noire, les cheveux frisés
et noirs, et les sourcils longs et de même couleur, de sorte qu’à
sa mine on le reconnaissait aisément pour être descendu de îuvC^
II. b



XIV LÀ ¥I£ DE SPUSOZA.

portugais. Pour ce qui est de ses habits, il en prenait fort peu âa.
soin, et ils n’étaient pas meilleurs que ceux du plus simple bour-,
geois. Un conseiller d*État clés plus considérables. Tétant allé Toir,,
le trouva en robe de chambre fort malpropre, ce qui donnar oGcai^
sioB au conseiller de lui faire quelques reproches et de lui en
offrir une autre; Spinoia lui répondit qu’un homme n*en falait
pas mieux pour avoir une plus belle robe. // est contre le bw sens^
igouta-t-il, de mettre une enveloppe jprécieuse à det choses de néasU
ou de peu de valeur,

SES MANIÈRES, SA C0NYEIISATI6N ET SOU DÉ9lNT^II8S6fttBNT*

Au reste» si sa manière de yiwe était fortréglée» «i conversa-
tion n’était pas moins douce et paisible. Il savait admirablement
bien être 4e maître de ses passions. On ne Ta jamaâs vu ai fort
triste ni fort joyeux. Il savait se posséder dans sa colère^, et dans
les déplaisirs qui lui survenaient, il n’en paraissait rien au dehors;
au moins, s’il lui arrivait de témoigner sou chagrin par quel^fue
geste ou par quelques paroles, il ne manquait pas de se retirer
aussitôt pour ne rien faire qui fût contre la bienséance. Il était
d’ailleurs fort affable et d’un commère »isé, parlait souvent à
son hôtesse, particulièrement dans le temps de ses couches, et à
ceux du logis^ lorsqu’il leur survenait quelque afQiction ou ma-
ladie; il ne manquait point alors de les consoler et de les exhorter
à souffrir avec patience des maux qui étaient comme un partage
que Dieu leur avait assigné. Il avertissait les enfants d’assister
souvent à l’église au service divin, et leur enseignait combien ils
devaient être obéissants et soumis à leurs parents. Lorsque les
gens du logis revenaient du sermon, il leur demandait souvent
quel profit ils y avaient fait et ce qu’ils en avaient retenu pour
leur édification. Il avait une grande estime pour mon prédé-
cesseur, le docteur Cordes, qui était un homme ïaTant, d’un bon
naturel et d’une vie exemplaire; ce qui donnait occasion à Spinoza
d’en faire souvent l’éloge. Il allait méme’quekjuefoi&lfeiUendre prê-
cher, et faisait état surtout de la maBière savante dont il e&pU-j
quait l’Écriture et des applications solides qu’il en faisait* Il aver-
tissait en même temps son à6le et ceux de la maison de ne manquer
jamais aucune prédication d’un si habile hoaifiie.

El arriva que son hôtesse lui deinanda un JQ»r si c’était son sea-



LA VIE DE SPmOZA. X?

timent qu’elle pûl ôtre sauvée dans la religion dont elle faisait
profession; à quoi il répondit: Votre religion est bonne, vous n’en
devez pas chercher d’autre ni douter que vous n’y fassiez votre
salut, pourvu qu*en vous attachant à la piété vous meniez en
même temps une vie paisible et tranquille.

Pendant qu’il restait au logis, il n’était incommode à personne,
il y passait la meilleure partie de son temps tranquillement dans
sa chambre. Lorsqu’il lui arrirait de se trourer fatigué pours’ôtre
trop attacTié à ses méditations philosophiques, il descendait pour
se d^asser, et parlait à ceux du logis de tout ce qui pouvait servir
de matière à un entretien ordinaire, même de bagatelles. Il se
divertissait aussi quelquefois à fumer une pipe de tabac; ou bien,
lôrsqu’îl voulait se relâcher Tesprit un peu plus longtemps, il
cherchait des araignées qu’il ftiîsait battre ensemble, ou des mou-
ches qu’îî jetait dans la toiîe d’araignée, et regardait ensuite cette
bataille avec tant de plaisir qu’il éclatait cynelquefois de rire. It
observait aussi avec le microscrope les différentes parties des
plus petits insectes, d’où il tirait après les conséquences qui Ini
semblaient le mieux convenir à ses découvertes.

Au reste, il n’aimait nullement l’argent, comme nous l’avons
dit, et îî était fort content d’aroir, au jour la journée, ce qui lui
était nécessaire pour sa nourriture et pour son entretien. Simon
de Vries, d’Amsterdam, qui marque beaucoup d’attachement pour
lui dans la vingt-sixième lettre et qui l’appelle en même temps
son très-fid’èle ami {amice integerrimé),\m i5lun jour présent d’une
somme de 2,000 florins, pour le mettre en état de vrcre un peu
plus à son aise; mais Spinoza, en présence cfe son hôte, s’excusa
civilement de recevoir cet argent, sous prétexte qu’il n’avait be-
soin de rien, et que tant tfïirgent, s’tt le recevait, le détournerait
iofàillfblement de ses études et de ses occupations.

l^même Simon de Vries, approchant de sa fin et se voyant sans
femme et sans enfants, voulait faî^re son testament et l’instituer
héritier de tous ses biens; mais Spinoza n’y voulut jamais con-
sentir^ et remontra à son ami qu’il ne devait pas songer à laisser
ses biens à d’autres qu*S sou flrère qui detoejaraît à Sclûedam,
puisqu’il était îe plus proche de ses parents, et devait être na-
turellement son héritier,

Ceci fut exécuté comme il l’avait proposé; cependant, ce fut è
condition que le frère et héritier de Simon de Vries tem\ V^^^*



XVI Là vie de SPINOZA.

iioza une pension viagère qui suffirait pour sa subsistance, et
celte clause fut aussi fidèlement exécutée. Mais ce qu’il y a de
particulier, c’est qu’eu conséquence on offrit à Spinoza une pen-
sion de 500 florins, qu’il n’accepta pas, parce qu’il la trouvait trop
considérable, de sorte qu’il la réduisit à 300. Cette pension lui
fut payée régulièrement pendant sa vie; et après sa mort le même
de Vries de Schiedam eut soin de faire encore payer au sieur Van
derSpyck ce qui pouvait lui être dû par Spinoza, comme il parait
par la lettre de Jean Rieuvirertz, imprimeur de la ville d’Ams-
terdam, employé dans celte commission: elle est datée du 6 mars
1678 et adressée à Van der Spyck même.

On peut encore juger du désintéressement de Spinoza par ce
qui se passa après la mort de son père. Il s’agissait de partager sa
succession entre ses sœurs et lui, à quoi il les avait fait condamner
par justice, quoiqu’elles eussent mis tout en pratique pour l’en
exclure. Cependant, quand il fut question de faire le partage, il
leur abandonna tout, et ne réserva pour son usage qu’un seul
lit, qui était à la vérité fort bou, et le tour de lit qui en dé-
pendait.

IL EST CONNU DB PLUSIEURS PERSONNES DE GRANDE CONSIDÉRATION.

Spinoza n’eut pas plutôt publié quelques-uns de ses ouvrages,
quil se fit un grand nom dans le monde parmi les personnes les
plus distinguées, qui le regardaient comme un beau génie et un
grand philosophe. M. Stoupe, lieutenant-colonel d’un régiment
suisse au service du roi de France, commandait dans Utrecht
en 1673. 11 avait été auparavant ministre de la Savoie à Londres,
dans les troubles d’Angleterre, au temps de Cromwell; il devint
dans la suite brigadier, et ce fut en faisant les fonctions de cette
charge qu’il fut tué à la bataille de Steinkerque. Pendant qu’il
était à Utrecht il fit un livre qu’il intitula la Religion des Hollan-
dais, où il reproche, entre autres choses, aux théologiens réformés,
qu’ils avaient vu imprimer sous leurs yeux en 1670 le livre qui
porte pour titre Tractatus theologico-poUticus^ dont Spinoza se
déclare l’auteur en sa dix-neuvième lettre, sans cependant s’être
mis en peine de le réfuter ou d’y répondre. C’est ce que M. Stoupe
avançait. Mais le célèbre Braunius, professeur dans l’université
de Groningue, a fait voir le contraire dans un livre qu’il fit im-



LA VIE DE SPINOZA. Xm

primer pour réfuter celui de M. Stonpe; et en effet, tant d’écrits
publiés contre ce traité abominable montrent éridemment que
M. Stoupe s’était trompé. Ce fut en ce temps-là même qu’il écri-
vit plusieurs lettres à Spinoza, dont il reçut aussi plusieurs ré-
ponses, et qu’il le pria enfin de vouloir bien se remlre à Utrecht
dans un certain temps qu’il lui marqua. M. Stoupe avait d’autant
plus d’envie de l’y attirer, que le prince de Goodé, qui prenait
alors possession du gouvernement d’Utrecht, souhaitait fort de
s’entretenir avec Spinoza; et c’était dans cette vue qu’on assurait
c[ue Son Altesse était si bien disposée à le servir auprès du roi,
qu’elle espérait d’en obtenir aisément une pension pour Spinosa,
pourvu seulement ’qu’il pût se résoudre à dédier quelqu’un de ses
ouvrages à Sa Majesté. Il reçut cette dépêche accompagnée d’un
I>asse-port, et partit peu de temps après l’avoir reçue. Le sieur
Halma, dans la Vie de notre philosophe qu’il a traduite et extraite
du Dictionnaire de M, Bayle, rapporte à la page 11 qu’il est cer-
tain qu’il rendit visite au prince de Gondé, avec qui il eut divers
entretiens pendant plusieurs jours, aussi bien qu’avec plusieurs
autres personnes de distinction, particulièrement avec le lieute-
nant-colonel Stoupe. Mais Van der Spyck et sa femme, chez qui
il était logé et qui vivent encore à présent, m’assurent qu’à son
r.etour il leur dit positivement qu’il n’avait pu voir le prince de
Condé, qui était parti d’Utrecht quelques jours avant qu’il y ar-
rivât, mais que dans les entretiens qu’il avait eus avec M. Stoupe,
cet officier l’avait assuré qu’il s’emploierait pour lui volontiers,
et qu’il ne devait pas douter d’obtenir à sa recommandation une
pension de la libéralité du roi*; mais que pour lui, Spinoza,
comme il n’avait pas dessein de rien dédier au roi de France, ii
avait refusé Tofifre qu’on lui faisait avec toute la civilité dont ii
était capable.

Après son retour, la populace de la Haye s’émut extraordi-
nairement à son occasion; il en était regardé comme un espion,
et ils se disaient déjà à l’oreille qu’il fallait se défaire d’un honmie
si dangereux, qui traitait sans doute d’affaires d’État dans un
commerce si public qu’il entretenait avec l’ennemi. L’hôte de
Spinoza en fut alarmé, et craignit avec raison que la canaille ne

Le roi de France donnait alors des pensions à tous les savants, particulière-
meiit anx étrangers
b.



IVni LA TfE DE SPINOZA.

rtrracliât de sa maison après l’avoir forcée et peut-être pillée;
OMIS Spinoza le rassura et le consola le mieux qu’il fut possible.
< Ne craignez rien, lui dit- il, à mon égard; il m’est aisé de me
t justifier: assez de gens, et des principaux du pays, savent bien
c ce qui m’a engagé à faire ce voyage. Mais, quoi qu’il en soit,

• aussitôt que la populace fera le moindre bruit à votre porte,
« je sortirai et irai droit à eux, qnand ils devraient me faire le
t même traitement qu’ils ont fait aux pauvres messieurs de Witt.

• ie suis boB républicain, et n’ai jamais eu en vue que la gloire
» 6t l’avantage de l’État. •

Ce ftit en cette même année que Télecteur palatin Gharles-
Lmiis, de glorieuse mémoire, informé de la capacité de ce grand
philosophe, vooltH l’attirer à Heidelberg pour y enseigner la pliî-
kxwpbie, n’ayant sans doute ancune connaissance du venin qu’il
tenait encore cacbé dans son sein et qui dans la suite se mani-
fe«ta plus ouvertement. Son Altesse électorale donna ordre au
célèbre docteur Fabricius, bon philosophe et l’un de ses conseil-
lers, d’en faire la proposition à Spinoza. Il lui offrait, au nom de
son prince, avec la chaire de philosophie, une liberté très-éten-
dae de raisonner suivant, ses principes, comme il jugerait le plus
à propos, cum ampUssima fihilosophandk libertate. Mais à celte
offre mi avait joint une condition qui n’accommodait nullement
Spinoza: car quelque étendue que fût la liberté qu’on luiaccordait,
il »e devait aucunement s’en servir au préjudice de la religion
établie par les lois. Et c’est ce qui parait par la lettre du docteur
Fabricius, datée de Heidelberg, du 16 février (voyez Spinozas
Oper, pôstk.f EpiH, 53, pag. 561). On trouve dans cette lettre
qu’il y est régalé du titre de philosophe très-célèbre et de génie
transcendant: philosophe aeutfssime ac eeleberrime.

C’était là une mine qu’il éventa aisément, s’il m’est permis d’u-
ser de cette expression; il rît la difficulté, ou plutôt l’impossibi-
lité où il était de raisonner suivant ses principes, et de ne rien
avancer en même temps qui fût contraire à la religion établie. 1]
fit réponse à M. Fabricius, le 30 mars i673, et refusa civilement
hi chaire de philosophie qu’il lui offrait. Il lui manda que « Tins-
« truction de la jeunesse serait un obstacle à ses propres études,
« et que jamais il n’avait eu la pensée d’embrasser une seœ-
« blable profession. » Mai» ceci n’est qu’un prétexte, et il découvre
assez ce qu’il a dans l’âme par les paroles suivantes: f De plûs^



LA Vt£ DE SPINOZA. - 2ULX

« je fois rélleiion, dit-il au docteur, que loua De me marquct
c poiat dau8 quelles bornes doit être rea&rmée cette liberté
c d’ejipliquer mes sentiments pour ne pas ehoqaer la religioa,
« Cogilo deinde me nescire quibus limilUm* UberUu iUa pkUot^
c phandi mtercludi di^beat, ne vidiar pubUcê sdabilUam relifi^*
c nenk per turban veUe^ « (Voyez ses Œtuoreê poiUmmm, pagodftd»
Lettre 54.)

SES ECRITS ET SES SENTIMENTS.

A. regard de ses ouvrages, il y en a qu on lui attribue et dont
il n*esl pas sûr qu’il soit l’auteur; quelques-uns sont perdus, ou
au moins ne se trouvent point; les autres sont imprimés et expo-
sés aux yeux d’un cbacun.

M. Bayle a avancé que Spinoza composa en espagnol une apo-
logie de sa sortie de la synagogue, et que cependant cet écrit
n’aurait jamais été imprimé. Il ajoute que Spinoza y avait inséré
plusieurs cboses qu’on a depuis trouvées dans le livre qu il pu*
blia sous le titre de TractcUus theologico-polUicus; mais il m
m’a pas été possible d’apprendre aucune nouvelle de cette apo-
logie, quoique, dans les recherches que j’ai faites, j’en aie demandé
à des gens qui vivaient familièrement avec lui et qui sont encore
pleins de vie.

L’année 1664 il mit sous presse les Principes de la philosophie
de M; Descartes démontrés géométriquement, première et se-
conde partie: Renatï Descaries Principiorum philosophiaB par$
prima et secunda more geometrico demonstralx, qui furent bienr
tôt suivis de ses Méditations métaphysiques, Cogitata metaphy-
slca; et s’il en fût demeuré là, ce malheureux homme aurait
encore à préscQt h réputation qu’il eût méritée de philosophe
sage et éclairé.

L’année 1665, il parut un petit livre în-12 qui avait pour titre
LucU Antistit Conslantfs de jure Ecckslasticorum, Alethopoli,
âpud Cajum Valerîum Pennatum: Du droit des Ecclésiastiques,
par l.ucius Antistius Constans, imprimé à^léthopole, che^Caïus
Valerîus Pfennatus. L’auteur s’efforce de prouver dans cet ou-
vrage que le droit spirituel et politique que le clergé s’attribue
et qui lui est attribué par d’autres ne lui appartient aucunement,
que les gens d’Église en abusent dNiae manière profene, e.t <\^^



XX LA VIE DE SPINOZA.

toate leur autorité dépend entièrement de celle des magistrats oa
sourerains qui tiennent la place de Dieu dans les villes et répa-
bliques où le clergé s*est établi; qu’ainsi ce n est point leur pro-
pre religion que les pasteurs doivent s’ingérer d’enseiguer, mais
celle que le magistrat leur ordonne de prêcher. Tout ceci, au
reste, n’est établi que sur les principes mêmes dont Hobbes
8*est servi dans son Leviathan.

M. Bayle nous apprend » que le style, les principes et le des-
sein du livre d’Ântistius étaient semblables à celui de Spinoza
qui a pour titre Traclatus theologico-polWcus; mais ce n’est rien
dire de positif. Que ce Traité ait paru justement dans le même
temps où Spinoza commença d’écrire le sien, et que le Tractatus
theoîogico’politicus ait suivi peu de temps après cet autre Traité,
n’est pas une preuve non plus que l’un ait été l’avant- coureur de
l’autre. Il est très-possible que deux personnes entreprennent
d’écrire et d’avancer les mêmes impiétés; et parce que leurs
écrits viendraient à peu près en même temps, il n’y aurait pas
lieu pour cela d’en inférer qu’ils seraient d’un seul et même au-
teur. Spinoza lui-même, interrogé par une personne de grande
considération s’il était l’auteur du premier Traité, le nia positi-
vement, ce que je tiens de personnes dignes de foi. La latinité
des deux livres, le style et les manières de parler ne sont pas
non plus si semblables comme on prétend: le premier s’exprime
avec un profond respect en parlant de Dieu; il le nomme souvent
Dieu très-bon et très-grand, Deum ter optimum maximum. Mais
je ne trouve de pareilles expressions en aucun endroit des écrits
de Spinoza.

Plusieurs personnes savantes m’ont assuré que le livre impie
qui a pour titre VÉcriture sainte expliquée par la philosophie,
Philosophia sacrœ Scripturx interpres*, et le Traité dont nous
avons fait mention venaient l’un et l’autre d’un même auteur, à
savoir, L... M... Et quoique ia chose me semble fort vraisem-
blable, je la laisse pourtant au jugement de ceux qui peuvent eu
avoir une connaissance plus particulière.

Ce fut en l’an 1670 que Spinoza publia son Tractatus theolo-
gico^oliticus. Celui qui l’a traduit en flamand a jugé à propos de



1. T. III du DicHùWMirej p. 1773.
î. Imprimé iji-4* eu 1666. Col.



LA VIE DE SPINOZA. XU

l’intituler De Regtzinnige Theologant, of Godgeleerde Staattkimde:
le Théologien judicieux et politique, Spinoza dit nettement qa*il
en est Tauteur, dans sa dix-neuvième lettre, adressée à Olden-
bourg; il le prie, dans cette lettre même, de lui proposer les
objections que les personnes savantes formaient contre son lirre;
car il avait alors dessein de le faire réimprimer et d*y ajouter
des remarques. Au bas du titre du livre, on a trouvé bon de mar*
quer que l’impression en avait été faite à Hambourg, chez Henri
Conrad. Cependant il est certain que ni le magistrat, ni les véné-
rables ministres de Hambourg n*ont jamais souffert que tant
d’impiétés eussent été imprimées et débitées publiquement dans
leur Tille.

11 n*y a point de doute que ce livre fut imprimé à Amsterdam^
chez Christophe Conrad^ imprimeur, sur le canal de TËglantir.
En 1679^ étant appelé en cette ville-là pour quelques affaires,
Conrad même m’apporta quelques exemplaires de ce Traité et
m*en fit présent, ne sachant pas combien c’était un ouvrage per-
nicieux.

Le traducteur hollandais a pareillement jugé à propos d’ho-
norer la ville de Brème d’une si digne production, comme si sa
traduction y fût sortie de dessous la presse de Hans Jurgen Van
der Weyl, en l’année 1694. Mais ce qui est dit de ces impressions
de Brème et de Hambourg est également faux, et Ton n’eût pas
manqué de trouver les mêmes difilcultés dans l’une et dans l’autre
de ces deux villes, si on eût entrepris d’y imprimer et publier
de pareils ouvrages. Philopater, dont nous avons déjà fait men-
tion, dit ouvertement dans la suite de sa Vie, page 231, que le
vieux Jean Hendrikzen Glasemaker, que j’ai fort bien connu, a
été le traducteur de cet ouvrage; et il nous assure en même
temps qu’il avait aussi traduit en hollandais les Œuvres pof-
thumes de Spinoza, publiées en 1677. Il fait au reste un si grand
cas de ce Traité de Spinoza et l’élève si haut, qu’il semble que
le monde n’ait jamais vu son pareil. L’auteur^ ou du moins l’im-
primeur de la suite de la Vie de Philopater, Âard Wolsgryck, ci-
devant libraire à Amsterdam, sur le coin du Rosmaryn-Steeg, fut
puni de cette insolence comme il le méritait, et confiné dans la
maison de correction, où il fut condamné pour quelques années.
Je souhaite de tout mon cœur qu’il ait plu à Dieu de lui toucher le
cœur pendant le séjour qu’il a fait en ce lien, et qu’il en soit



s^rti aiee de meiUeart seBUmeats. C’est la disposition où j*espère
qu’il était lorsipie je (^ tîs ici à la Haye, Tété dernier» où il Tint
po«r devander aux libraires le payement de quelques liTres
q«*il avait ci-derant impriiàés et qu’il leur avait liTrés.
Pour revenir à Spinosa et à son TraciaUu iàeoiogiahpoliticus,

J



je dijrai oe ^ue j’en pense, après avoir auparavant rapporté le ju-1



geokent ^We» ont iaiit deux célèbres auteurs, dont l’un est de la’
ctml&miûm d’Atugsboiu^ et l’autre réformé. Le premier est Spitiie*
liiMi, qui parle wmi dans son Traité qui. a pour titre Infêlits lU^^ f.
nUmr, page a^: Gel auteur impie (Spinoza), par une présompyUoA
t peodigieiiae qui l’aveM^plait, a poussé l’impudence çt l’ijQ^fû^jté
« jusqu’à soutenir que les prophéties ne sont fondées q^ sor
« ^imagination 4ea prophètes « qu’ils étaient sujets k illusion
c amaftl jj^itn que les ap6lres, et que les uns et les autres avaient.
« éerit naturdlemeat suivant leurs propres lumières, saaa au-
« cuoe révélation ni ordre de Dieu; qu’ils avaient, au reste, accom-
« «M)dé la religion autant qu’ils avaient pu au génie des liioaunest
c qui vivaient alors, et Tavaient établie sur des principes connus
« ea ces Um^S’\^ et reçus ^vorabiement d’un chacun, irréligion
« êitsimuê (HtcdoTt, Miuj^ndA suijidenlia plane fascinalus, eo fir(H
« çresêus impuéfntim «A iuipiiHaiis fmtf ut prophetiam depemUsse
n (Uxeril tk (alloAi imMifimiifm prophelarum^ eosque parUer ac
« apaUolos. noi^ ex, reveMUae eâ divmo vrumdoio scripsisse^ sed
tt Umtuïïk esp ipwrmiimk natmaUjfudkiiQi a<;iuinumdaxi&se imup&r
« religMonem^ qimaij^ri pofmrilf Imminum sui ùemporis in^nioy
K UlumqiHe (md/m»»Ul luvk tempovis maxime notis et accepta
«. superxdificoMSê. « &’€Si. cette même mélbode que Spinoza^ dans
son Tractaim fkefdogieo’politicus, prét^d q^u’on peut et qu’on
doit même suivre .^juc^re à présent dans l’explication de l’Ècri-
toiie sainte; car il MMtienl^eutce antxes choses, que c comme on
c 8*ést confoiriM aia seotoents établis et à la portée ài peuple
t lorsqu’on a pjpemièisement produit l’Écriture^ de mémo il est à
tt la liberté d’un chaicun.de l’expliquer selon ses lumières, et de
c l’ajHsterise^ propres seutiment^ »;

Si c’était véritable^ bon Dieu ! où en serions-nous? Gomment
pouvoir maintenir que l’Écriture est divinement inspirée, que
c’est une propb\*ie ferme et stable ^ que ces saints personnages
qiiL en sont les auteurs n’ont parlé et écrit que par ordre de Dieu
et par l’ifltspirationdu Saint-Esprit, que cette môme Écriture est



Là VR MB snnozi. xxni

W^f-^seittakmneBt Traie et- ^*«He rewà à bm ceiveiemef «n té-
moignage assuré de sa Yérité, qu elle est enfin «n jvfe dMt les
décisions 4oiveat être la lègle tene tÂBMBtey de B06 fiensëes, de netfe let*et ée «être vie? €*est akm
qu’en i^onrarit ëien dire ^«e k eeinte HUe ft’est ^’nn nts é»
ctfe 4itt’(Mi (e«rR4î et forae verre en IdDevers de qui «a cImms peut veiri«a4eaieit ee qei phM
à sen iflMginatieD^ va tvai bonoei de fe» qv*t» ajeele et tonroe
à sa tantaiaie en eemi meniènei différeiles afHiès e’e» être coité*
Le Seigaenr te t^oofoede, ftfate»^ et ie feneekèooebel

S^aelias ne se contente pas 4e dice ee qa*ii pense de ee Itite
pernicieux, 41 joint ^»i jugement ^’il en feit celui de M. Mine»
Yeld, ci-devant pFefesseur à Utrecht» qns diM a» Inrre qi^tl fâ
imprimera Amsterdam en 1674, en parle en ces t dmci: «Kow
« estimons quece Traité dok èdeàjuBaieenseupelidaiiB leelénè-
« Jires du plus profond oubli: TNttMmm hume ad ^ateiermÊ^ éatt»
« namduM tenebras, etc. » Ge.^’ est bien jodieiett, peisq«e*ee
malbeoreux T’vaité renverse de fond en comUe la Teli^ien duré^
tienne, en ôtant toute autorité eux titres saeréiv sur qui eUe ett
uniquement fondée et établie*

Le second témoignafe que je vesi produite est celui du eienr
Guillaume Van Blyenbnr^, de f^efdiec^» qai^t lenlreliemi un tag
commerce de lettres avec Spnoaa»etfiii,dâ«B>ift4feBte et unième»
insérée dans ks Œuvres poMmimes de iS^NfioMh page 47^, ^parlant de lui-même, qu’il n*a embrassé aacun pacti on voealistt,
et qu’ilsubsiste par ttn.négocebonnéte qu’il eceroe -. H^r êum^mOÊ^
ad$tHelus projessiûjûi homsiU îMfCêémis wèê ^Otk Ce M ar ch an d,
bomme savant, dans la préface d’un ouveage-^i porte pewétBe:
la Vérité de la mii^ion chrétieme^ impeiad^ M^de «ft i^4, et-
prime ainsi le jugement qu -U îêk du Trûté de Syimsa: < O’eet
c un livre, dit-il, rempli de décou^vertes oniieiises, maie aben»-
c nabies, dont la science et les recbercbes ne pemreut avoir étë
« puisées qu’en enfer. 11 n’y a point deebvétàeii ni ■ièn»d’bsiBme
« de bon sens qm ne doive avoir un ftel* livfe en^bbrir^ap. ii’afëVerir
CL tâcbe d’y ruiner la religion ch^tienne cit testes nos espétônees
« qui en dépendent; au lien de foei il intiiodnii i’aibéisniey et
«c tout au plus une religion iKiInneUe forgée sehMa le caprice oi
c l’intérêt des souverains* Le mal y est umqueinent séippiaé par
« la crainte du cbâtiment; inais, quand en ne craîat.n beuirreaii

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