venerdì 23 febbraio 2018

Storici francesi online: 3. Louis Blanc (1811-1882): «Histoire de la Révolution française» (1847-1862). - § 2: Origines et causes.

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Testo online.
Histoire
de la
RÉVOLUTION
Française
par
Louis Blanc

Tome Premier

Nouvelle Édition
1878
italiani - inglesi - tedeschi - spagnoli
Internet Archive: Louis Blanc.


Paris
Librairie Internationale
A. Lacroix et Cie, Éditeurs
13, Faubourg Montmartre, 13





 * * *

2.

Origines et causes de la Rèvolution.
Dessein et plan.

Testo online.
Trois grands principes se partagent le monde et l’histoire: l’autorité, l’individualisme, la fraternité.

Pour les reconnaître, pour les suivre à travers tant d’agitations et de malheurs que produisit leur rencontre, il importe d’en bien signaler le caractère, d’en donner l’empreinte.

Qu’on nous pardonne ici l’aridité de quelques définitions nécessaires; les tragédies ne viendront que trop tôt et ne seront que trop saisissantes.

Le principe d’autorité est celui qui fait reposer la vie des nations sur des croyances aveuglément acceptées, sur le respect superstitieux de la tradition, sur l’inégalité, et qui, pour moyen de gouvernement, emploie la contrainte.

Le principe d’individualisme est celui qui, prenant l’homme en dehors de la société, le rend seul juge de ce qui l’entoure et de lui-même, lui donne un sentiment exalté de ses droits sans lui indiquer ses devoirs, l’abandonne à ses propres forces, et, pour tout gouvernement, proclame le laisser-faire.

Le principe de fraternité est celui qui, regardant
comme solidaires les membres de la grande famille, tend
à organiser un jour les sociétés, œuvre de l’homme, sur
le modèle du corps humain, œuvre de Dieu, et fonde la
puissance de gouverner sur la persuasion, sur le volon-
taire assentiment des cœurs.

L’autobité a été maniée par le catholicisme avec un
éclat qui étonne; elle a prévalu jusqu’à Luther.

L’individualisme, inauguré par Luther, s’est déve-
loppé avec une force irrésistible ; et, dégagé de l’élé-
ment religieux, il a triomphé en France par les publi-
cistes de la Constituante. Il régit le présent ; il est l’âme
des choses.

La fkatebnité , annoncée par les penseurs de la
Montagne, disparut alors dans une tempête, et ne nous
apparaît aujourd’hui encore que dans les lointains de
l’idéal ; mais tous les grands cœurs l’appellent, et déjà
elle occupe et illumine la plus haute sphère des intelli-
gences.

De ces trois principes, le premier engendre l’oppres-
sion par l’étouffement de la personnalité; le second
mène à l’oppression par l’anarchie; seul, le troisième,
par l’harmonie, enfante la liberté.

Liberté! avait dit Luther; liberté! ont répété en
chœur les philosophes du xvin e siècle ; et c’est le mot
liberté qui, de nos jours, est écrit sur la bannière de
la civilisation. Il y a là malentendu et mensonge; et,
depuis Luther, ce malentendu, ce mensonge ont rempli
l’histoire ; c’était l’individualisme qui arrivait, et non
la liberté.

Oh ! certes, quand on le considère dans son cadre his-
torique, quand on le compare à ce qui précéda au lieu
de le comparer à ce qui doit suivre, l’individualisme a
l’importance d’un vaste progrès accompli. Fournir de
l’air et du champ à la pensée humaine si longtemps

comprimée; l’enivrer d’orgueil et d’audace; soumettre
au contrôle de tout esprit l’ensemble des traditions, les
siècles, leurs travaux, leurs croyances; placer l’homme
dans un isolement plein d’inquiétudes, plein de périls,
mais quelquefois aussi plein de majesté, et lui donner à
résoudre personnellement, au milieu d’une lutte im-
mense, dans le bruit d’un débat universel, le problème
de son bonheur et de sa destinée. .. , ce n’est point là une
œuvre sans grandeur, et c’est l’œuvre de l’individua-
lisme; il faut donc en parler avec respect, et comme
d’une transition nécessaire. Mais, cette réserve faite, il
nous sera bien permis d’élever dans des régions supé-
rieures nos sympathies et nos espérances. L’humanité
a eu besoin tour à tour du pape et de Luther; mais le
principe d’autorité a fourni sa carrière, le principe
d’individualisme achèvera la sienne , et l’avenir n’ap-
partient évidemment ni au pape ni à Luther.

On doit comprendre maintenant que dans ce qu’on a
coutume d’appeler la Révolution française, il y a eu, en
réalité, deux révolutions parfaitement distinctes, quoi-
que dirigées toutes les deux contre l’ancien principe
d’autorité.

L’une s’est opérée au profit de l’individualisme; elle
porte la date de 89.

L’autre n’a été qu’essayée tumultueusement au nom
de la fraternité ; elle est tombée le 9 thermidor.

Que si la Révolution de 89 est la seule qui ait pris
racine dans les faits, c’est qu’elle ne venait point s’em-
parer de la société à l’improviste ; c’est qu’elle servait
l’intérêt d’une classe devenue dominante : la bour-
geoisie , c’est enfin qu’elle arrivait avec une doctrine
complète sous le triple aspect de la philosophie, de la
politique et de l’industrie.

Cet ouvrage préliminaire se divisera donc naturelle-
ment en trois livres.

Le premier livre expose par quelle suite de surpre-
nants combats, d’élans passionnés, de sacrifices, de vio-
lences, le principe d’individualisme s’introduisit dans
le monde, frappant d’une part l’autorité dans l’Église,
et, de l’autre, la fraternité clans les Vaudois, les Hus-
sites, les Anabaptistes, les Frères Moraves, et tous les
penseurs armés pour la cause de l’Évangile.

Le second livre rappelle les victoires successivement
remportées en France par cette classe moyenne dont
l’individualisme devait fonder l’empire, et offre comme
l’itinéraire de la bourgeoisie française à travers l’his-
toire.

Dans le troisième livre, nous essayons de montrer
comment, au xvni e siècle, et malgré les efforts de Jean-
Jacques Rousseau, de Mably, de Necker lui-même,
l’individualisme est devenu le principe de la bourgeoisie,
et a triomphé : en philosophie, par l’école de Voltaire;
en politique, par l’école de Montesquieu ; en industrie,
par l’école de Turgot.

Ainsi, protestantisme, bourgeoisie, xvm e siècle, telles
sont les trois grandes divisions de l’ouvrage préli-
minaire. Ce cadre une fois rempli, nous aurons assisté
au dramatique et douloureux enfantement de la Ré-
volution ; il ne nous restera plus qu’à en raconter la
vie.

Top.

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