giovedì 11 gennaio 2018

Ernest Nys: Le droit de la guerre et les précursores de Grotius. - 1. Introduction.

B. Home. ↔ Succ.
Biblioteca Gallica.
À l’Institut de Droit international

La publication du traité de Grotius sur le droit de la guerre et de la paix fait époque dans l’histoire. Au milieu d’une guerre barbare, quand la force seule semblait dominer le monde, l’illustre écrivain néerlandais montra aux nations les règles qui président à leurs rapports. Le succès le plus éclatant couronna ses efforts. Les profondes connaissances de l’auteur, la rectitude de son esprit et surtout l’ardent amour de la justice qui le pénétrait et l’animait, assurèrent à l’oeuvre une influence que peu d’oeuvres humaines sont parvenues à acquérir. Au commencement du siècle dernier, Barbeyrac rappelait que jamais livre n’obtint une approbation plus générale et ne se soutint mieux. «Il n’y a pas lieu de craindre, ajoutait-il, qu’il ne continue pas toujours à avoir son prix». Le savant professeur voyait juste. De nos jours encore, malgré ses défauts et ses lacunes, le traité. De jure bellii ac pacis conserve sa valeur et il est permis d’affirmer qu’il demeurera éternellement debout.

Ugo Grozio (1583-1645)
Grotius fonda véritablement la science du droit international. Ce n’est pas que le sujet qu’il choisit n’eùt déjà fait l’objet de recherches sérieuses. Dans les deux branches de la discipline juridique auxquelles le livre est consacré, en droit naturel et en droit des gens, Grotius compte des devanciers.

Un auteur allemand, M. de Kaltenborn, a fait l’histoire des précurseurs de Grotius, en se plaçant spécialement au point de vue du droit naturel (1). Il nous a semblé qu’une étude sur le droit international avant Grotius et sur les écrivains qui frayèrent la voie au grand penseur ne serait ni sans intérêt ni sans utilité. Notre science a pris de larges développements; la dernière venue parmi les branches du droit, elle a acquis une importance que plus personne ne songe à contester; il est bon de jeter un coup d’oeil sur ses modestes débuts et il est juste de rendre hommage aux ouvriers de la première heure. Le droit s’impose de plus en plus dans les relations des États; on ne peut que gagner à considérer de près le spectacle que présentait le passé. En cette matière surtout, la comparaison de ce qui fut et de ce qui est doit produire d’excellents résultats. La vue du chemin parcouru n’est-elle pas de nature à stimuler le courage et à fortifier la foi dans le progrès?

Google Libri.
Il est inutile de remonter jusqu’à l’antiquité; elle n’eut pas la notion de lois régissant les rapports des peuples. C’est dans la société qui se constitue au milieu des ruines de l’Empire romain qu’il nous faut rechercher les origines du droit des gens.

Ici même, la matière se resserre dans des limites assez étroites, et à vrai dire, antérieurement à Grotius, l’histoire du droit international se borne à l’histoire du droit de la guerre, comme le droit de la guerre épuise toute la matière du droit international. Le moyen âge voit se former quelques institutions du droit des gens, mais elles sont trop chétives pour qu’on puisse en tenir compte. Seul, le droit de la guerre se développe sérieusement; il forme le noyau du droit international.

Historiquement parlant, ce fait n’a jamais été contesté. En pure raison, il ne se conçoit que trop bien. Un écrivain distingué en a fait l’observation. «Le cours naturel des choses amène l’état de guerre; la paix suppose un effort de la volonté de l’homme, elle présente un caractère artificiel; elle sort de la guerre; elle est le monde qui s’organise. Le droit de la guerre, qui se compose des limites mises par le droit à la guerre, est la première manifestation du droit, il est la première des assises dont se compose l’édifice juridique international (2

NOTE

(1). C. de KALTENBORN, Die Vorläufer des Hugo Grotius auf dem Giebiete des Jus naturae et gentium sowie der Politik im reformationszeitalter, 1848.
(2). BROCHER de la FLÉCHÉRE, Les principes naturels du droit de la guerre. Revue de droit international et de législation comparée, t. IV, p. 381.
Top.


Nessun commento: